Israël et L'Humanité - L'Universalisme chez les Rabbins

From Hareidi English
Revision as of 11:32, 12 November 2009 by WikiSysop (talk | contribs)

Jump to: navigation, search

L'Universalisme chez les rabbins.


    A défaut de tout autre texte, les Promesses Messianiques But­

tiraient, à notre avis, pour prouver lu tendances universalistes

du judaïsme. La Bible et la Tradition "nt ÉPaccord Pour Prédire

(là,une époque viendra oh le vrai Dieu Sera partout adoré. TAS

rabbins, qui pourtaut auraient en tant de raisons de douter de la

conversion des non‑jalfe ont donné Bu ce point dû multiples et

remarquables exemples de leur invariable fidélité à l'esprit des

Ecritures. 1 1

                    Nous voyons dans le traité Mesahot (1) tous les Docteurs tomba

&accord. pour enseigner que le vrai Dieu était généralement connu,

au moins comme Dieu suprême. Dyantres ont dit qu'une ligne de

démarcation allant de Tyr à Owthage diviserait la terre en deux

parties distinctes relativement à la coemaisanu de Dieu et de la

mission d1l8raël. Les rabbins qui s'exprimaient ainsi êtaient‑ils au

courant de ce qui senseignait dans les écoles de philosophie des

Porphyre, des Maerobe, des ApuIêe~ et en avalODWIS Subi PIUB Ou

moins Ilinfluencel Nous trouverions alors dans cette concordance

entre les docteure juifs et les philosophes païens une confirmation


(‑) 1i~.


M DIEU UNIVERSEL 113

de notre thèse, comme nous en pouvons relever une dans le Wmoi. gouge de Paul, disciple de Gamaliel, pharisien et fils de pharisien, comme il se qualifie lui‑même, qui, dans son discours à pArêopage sur la dieu inconnu, invoque l'autorité d'on auteur païen, Aratus de Cilicie (1).

Il nous serait facile de produire des citations de Maimonide, Künchi, Schaloino Ibn Gabirol; toutefois c'est plutût aux anciens rabbins que nous devons el, appeler de préférence pour établir les titres de PhêbraUme. Le Zohar (') par exemple, dans le commen­taire sur le passage de Jérémie que nous avons ou l'occasion de mentionner, peut être cité à l'appui de nos affirmations. Il y aurait lieu de S'êtonnu si les critiques ne prenaient pas prétexte de cette conformité de doctrine avec les écrivains du Moyen‑Age pour ra­mener à la même époque la date de composition de cet écrit kali. balistique. Mais une telle conclusion est bien arbitraire. Il ne faut pas oublier qu'au dire du Zohar, clest seulement au temps des Tab­Didon que les sages ou philosophes pelons proclamiêrent l'existence d'un Dieu unique et suprême. Ce serait donc une raison pour re. porter vers la même époque, d'après les données de la critique, sinon la rédaction, du moins Vapparition de ses doctrines zoharis­tiques,

Les preuves que nous cherchons résultent encore d'une manibre indirecte, poétique et symbolique, de plusieurs textes rabbiniques que nous allons passer en revue. Interprétant allêgoriquement les so;ixwIt~dix sioles des bassins d'argent offerts pal 168 chefs de tribus (), le Jalkout Schimmai dit: « Cela répond aux aoiizante‑dix noms de Dieu, aux soixante dix noms d'Israël, aux soixante‑dix noms de la Loi, aux soixante‑dix noms de JêrusÈem ». Or, ces soixante‑dix noms de Dieu représentent, d'après les rabbins, les soixante‑dix nation& issues d'Adam et qui toutes appellent Dieu d'une maitére différente. Il est dit dans le même livre: c Israël a soxante‑dix noms qui répondent aux "i~nWdlx noms de Dieu selon ce qui est écrit: Comme ton nom, ô Dieu, de même ta toumge arrive jusqu'aux sardine de la terre », ce qui équivaut àdire qu?iI y a autant de noms de Dieu que de peuples sur la terre et que. soue ces noms différents, c'est un même Dieu suprême qui


B. 1.1 sou avoue Is vis, 1, ............................... t et lêtre. Cest e q,lot dit

a.,,t qélq,,à.,m de De lui ............................ »,,," la r", , (Atu, X'M' 28).

sftt.

Noinbree, eh. vil.

I~ai d H~.Mè. ‑ 9.


114 DIEU

est adoré. Si l'on wnsidûre que ce nombre de soixante‑dix appel­lations divines ne correspond à rien de connu dans le judaïsme, toute autre interprétation est impossible.

Un fait assez obscur de l'histoire biblique sefflaire à la lumiûre de cette théorie. Nous lisons dans lExode qWAaron, après avoir particip6 à la fabrication du veau d'or, proclama pour le lendemain « une fête à IlEternel (tétragramme) >. Sans approfondir la question de "voir ce que les Hébreux ont entendu représenter par le venu d'or et lors même quqIs nauraient voulu faire la qu'une image sensible de la Divinité Invisible, il mate toujours certain que, pour le peuple comme pour Aman, Pimage prend le nom de Dieu lui. même, par une sorte d'incarnation de la gloire divine dans la figure extérieure. Si les paroles dAmon: « VoUâ ton dieu, Israël! (') », au lien de signifier seulement que &était la l'image du Dieu de Moise que le peuple avait instamment réclamée, indiquent la substi. tution d'une nouvelle divinité en forme de venu, alors les mots: I« Ce aura demain fête à PEternel 1 , prouveraient non moins ciel. rement que Padoration de nouveaux dieux, peut‑être à titre de médiateurs, n'excluait pas la connaissance et le culte d'on Dieu suprême, ce qui salon les rabbins était précisément le cas dans le paganisme.

Plusieurs textes rabbiniques insinuent au moins l'idée que sous les noms des dieux des gentils se cache la connaisawtoe du Dieu unique et v~ritàbIe. Semah‑ce trop elaventurer que de pré. tendre que cette application au vrai Dieu de noms polythéistes a été faite d'une maniûrs consciente et réfléchie par laraëll Nous croyons servir ici encore la muse de la vraie religion en relevant dans Pe"men des faits tout. ce qui peut noue renseiguer à, cet égard. Notons tout d'abord que Pomprunt de noms divine d'une religion à Vautra Wa rien que de très naturel et d'assez fréquent et Dante lui‑même n'a pas craint d'appeler Dieu du nom de Giove (Jupiter). Llêwle critique qui soutient, comme nous le disions plus haut, que le nom tétragramme n'est pas d'origine hébrsique et qu'il ne fut appliqué quassez tard au dieu national des Hêbreux~.E1 SoAad4a~ ne dit pu autre chose.

Le premier exemple qui s'offre à nous est le nom même de Dieu en hébreu, Elohim, qui cet au pluriel, ainsi que l'appellation Adosai (mes soigneurs). Oes deux mots trahissent incontestable‑


(‑) ~Ode, ~=, 8.


LB DIEU UN~MEL 115

ment une Origine polythéiste et cependant, malgré le très grand danger auquel exposait cet emprunt, ils ont été appliqués au Dieu unique par les juifs en toute sûreté, de conscience. Lee rabbins racontent que lorsque Dieu dicta à Moïse ces mots du livre de la Genêse: Faisons Phomme à notre image et selon notre ressemblance! Moïse eut un moment &hésitation et dit au Sel. gneur: « Tu vas fournir la aux hérétiques ur, prétexte à, disons. siens 1 Emis toujours 1 lui répondit Dieu, et que celui qui veut se tremper se trompe ». On ne saurait mie= décrire, sous une forme imagée, l'attitude d'Israël dans la question qui nous occupe.

1 Il Wy a donc rien d'invraisemblable à ce que des noms pmpr~ du paganisme aient été employés de la même maluiêre, qu'Elohinu et Adouci. Dailleurs ces mots doivent plutôt être considérés comme des noms communs, puisque leur étymologie nous rêvêle en général la signification originale de souveraineté, domination, royauté, puis. unes. Que Wa‑t‑on pas écrit pour expliquer ce que c'est qu'Azazell L'hypothêse la plus probable est que Moïse, avec une hardiesse qui aurait déconcerté tout autre que lu4 a adopté et consacré pour désigner la justice ab8oZ«, eYest‑â~d!re Pue des attributs divins pris d'une maniêre hypostatique, un nom de divinité païenne Bous lequel il avait vu personnifier cet aspect du vrai Dieu. L'instinct d'uni. versalità portait Israël à retrouver son Dieu dans tous les cultes, comme David découvrait partout dans PuniverB physique sa pré. sence réelle.

Nous savons que les critiques modernes, tout en reconnaissant le fait, s'on servent pour démontrer que les Hébreux étaient pri­mitivement polythéistes. lis S'appuient par exemple sur le nom de Jeroubb"l donné à nu juge d'Israël, Gédéon, pour établir que la culte de Baal préexistait en Israël. Pour ce qui est des temps antêrieurs aux patriarches on même postérieurement, eu ce, qui concerne la multitude ignorante, la chose ne paraît guêre douteuse, mais la présence de noms païens chez les Ilébreux ne prouve nullement la persistance du polythêime et elle nous fournit au contraire lul argument en faveur de notre thêge. En effet, flous voyons que David a donné à Pun de ses Illa le nom d~E1Jada (Dieu calmait) et que ce même % est appelé ailleurs Baaliada (Baal connaît) ce qui montre que Baal et El ont été employés lndif­fièrenfument pou pour Pouffe, et que par conséquent on les jugeait


lu, 8.


équivalents. La transcription hébraïque des noms Ilaiens no" fournit des exemples analogues. Ainsi dans le nom juif Puthi‑el qui correspond au nom égyptien Pathi‑phrê, Et cet substitué au nom de Phrê qui était celui de l'un des grands dieux de PEgypte. Elêazar a même donné à son fils Phinêes (hébreu Pinobas) le nom dlun autre dieu égyptien. Si maintenant nous trouvons le nom de Bouhet (ignominie) rûmpla~aat dans certains noms juifs oelui de Baal, comme dans Isohboachet et Jorubbêschet au lien de Isichbaal et 4~bbaal, t'est là, une preuve queBaal était bien originairement le nom du dieu païen et il ne serait peut‑être pu très difficile d'expliquer pourquoi es qui a semblé innocent et re~ ligie" &,,y nanisme monothéistes a cessé de paraltre tel à leurs descendante.

Nous ne'sauriouB mieux résumer ce que nous disons de l'emploi des noms paiens qu'on rappelant ici un. principe des Kabbalistes d'aprêB lequel « tom les dieux étrangers dont il est question dans IlEcriture renferment en eux une étincelle de saintetê > (~). L'étude philosophique de la langue hébraïque confirme à sa manière cette explication uMtique en nom montrant que le gêni a de cette langue est d'aller à Pid6e fondamentale me s'arrêter à la fume verbale et qu?ainei on a fort bien pu voir Ilexpression de qualités divines sous des nom polythéistes.

Il faut distinguer dattisera entre le simple usage d'un nom et an connaissance rationnelle. cette dietineàon est faite Pm Maimo­nide à propos de la question que Moïse fait à Dieu: « J'irai donc vers les enfants d'Israël et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m'envoie vers vous, Mais s'ils me demandent quel est son nom, que leur rêpondrai‑jel 0). , Le vrai croyant est celui qui possède la connaissance rationnelle des nome divine, car il est clair que si cette intelligence du sens véritable fait dêfau4 os n'est plus le vrai Dieu, mais nie fausse ressemblance, que Pon adore. Aussi l'expression de oeun4tre le nos de Dieu siguifie‑t~lJe dans la Bible ]a possession de la vraie religion et les rabbins out appelé de même « transmission des noms 0) > l'enseignement de la doctrine

religieuse. L'aspect spéculatif des choses ne se séparait pu chez les anciens de Femploi pratique des termes. Cette hypothèse que


JIM111P  ?11143 ri%) V, enzz n‑=àri

F~,aO, 13.

C) Il~DWM AYD6 Kidda"Ili, 7P.


118 DUU


Ces explications nous aident à, comprendre comment les docteurs juifs sont restés fidèle% à l'esprit de l'hébraîsme en recherobant la part de vérité cachés sous les noms des divinités païennes. Leur conviction que la connaissance du vrai Dieu se trouve répandue partout est telle quMs en Imaginent parfois d'éclatantes manifes­tations à Poceasion de certains événements do Phistoire d'Israël. Lorsque par exemple les Egyptiens périrent dans la Mer Bouge, tous les peuples de la terre, noue disent‑ils, entonnèrent une hymme d'action de grâces et réniêrent leurs faux dieux en s'écriant: c Qui est comme toi parmi les dieux, ô Etunell » Et quand, au moment de la révélation sinaïtique, la nature fut bouleversée par la descente de la gloire divine, les Gentils s'adresseront à Balamn comme au plus sage d'entre eux pour qu'il leur expliquât d'où venait cette agitation insolite et si Dieu allait détruire le monde. « Os n'est pas, répond Balaam, que Dieu doive détruire le monde; c'est qu'il va donner la Loi à, Israël ». Alors tous n'écrièrent: c 0 Eternel, notre seigneur, que ton nom est puissant su toute Il tome 1 , (') Bien loin de os faire du monothéisme un privilège exclusif, Israël fait au contraire consister sa gloire à être l'héritier, le re­présentant et le gardien des croyances essentiel[" de Ph~anitâ et il les a toujours reconnues sous les mille fables qui en altéraient chez les Gentils le véritable caractère. Ce n'est pas seulement le grand principe de l'unité de Dieu que ose docteurs s'efforcent de retrouver dans la gentilit6, mais encore telle on telle connaissance de Phistoire et de la tradition juive, telle ou telle observeince de leurs propres pratiques. Que ces affinités existent, il y a bien longtemps que de toutes pute on l'a constaté, sait pour attaquer, soit pour défendre le judaïsme., Ce qui intéresse la thèse que nous soutenons, eest que celui‑ci a en minseience de ces analogies et qu'il en a affirmé le principe. Sont~Il8s véritablement fond6est Existe‑t‑il outre lehummit6 et Israël ~n courant d'idées et. de rites qui les relient entre eux? Alots l'universalisme juif est un fait historique indiscutable. Si, au contraire, ces ressemblances ne sont qu~uno illusion des juifs, il a fallu en vérité que Paspiration uni­versaliste fftt chez eux bien puissante, pour qu'on l'absence de tout fondement historique et malgré tant de sérieux motifs qui pouvaient leur suggérer des affirmations toutes contraires, elle !eu inspirât de telles professions de foi.


Eghl,, 11b1b, 281.


References